NIST-CSF : les essentiels

Le NIST a publié la première version du Cybersecurity Framework en février 2014. Ce que peu de gens savent, c’est qu’il a été créé en réponse au décret présidentiel américain 13636, intitulé Improving Critical Infrastructure Cybersecurity. Signé par Barack Obama en 2013, il reconnaissait l’importance des infrastructures critiques pour la sécurité nationale et la stabilité économique – et par la même occasion la nécessité de mieux protéger ces infrastructures contre les cybermenaces.

Comme pour NIS 2, les « infrastructures critiques » incluent de nombreux secteurs : énergie, santé, transport, finance, télécommunications… Le cadre NIST-CSF a été conçu pour fournir à ces entités un ensemble de bonnes pratiques, de normes et de recommandations pour mieux gérer et réduire les risques cyber auxquels elles sont exposées.

Attention : NIST-CSF n’impose pas d’exigences rigides ! Il vise surtout à encourager les organisations à évaluer leur propre contexte, leurs ressources, et leurs risques pour choisir les pratiques les plus appropriées. Une telle flexibilité est finalement un avantage, puisqu’elle a contribué à son adoption rapide dans plusieurs secteurs.

De quoi est composé le NIST-CSF ?

Les cinq fonctions principales

Ce principe des cinq fonctions principales vise à fournir une vue d’ensemble des capacités essentielles que les organisations doivent avoir pour gérer efficacement les risques en cybersécurité. Ces cinq fonctions sont :

  • Identifier

    Comprendre les risques et les actifs qui doivent être protégés. Cela inclut l’identification des systèmes, des données, des ressources humaines, et des processus essentiels au bon fonctionnement de l’organisation.

  • Protéger

    Une fois les risques identifiés, des mesures doivent être mises en place pour protéger les systèmes et données critiques :

    • mise en œuvre de contrôles d’accès,
    • formation des employés à la sécurité,
    • gestion des technologies de protection…
  • Détecter

    Pouvoir identifier les incidents de cybersécurité au moment où ils se produisent, c’est garantir une meilleure réponse. Cette fonction couvre :

    • les activités de surveillance des réseaux et des systèmes ;
    • la détection d’anomalies et d’événements ;
    • le maintien des capacités de détection des menaces en temps réel.
  • Répondre

    Il s’agit ici de répondre rapidement et efficacement en cas d’incident via une communication efficace et des techniques d’atténuation des effets de la violation de sécurité.

  • Récupérer

    Après une attaque ou un incident de cybersécurité, l’organisation doit se rétablir pour revenir à un état normal. Il faut alors restaurer les systèmes et services affectés, mais aussi identifier leçons que l’on peut tirer de cet événement pour améliorer la préparation future.

Les catégories et sous-catégories

De fait, chaque fonction principale est subdivisée en catégories et sous-catégories, qui apportent des précisions supplémentaires sur les activités spécifiques à mettre en œuvre.

Par exemple, la fonction « Protéger », continent plusieurs catégories, dont « protection des informations sensibles ». Cette dernière se divise ensuite en sous-catégories, comme l’utilisation de chiffrement, la gestion des identifiants d’utilisateur, ou encore l’audit des accès.

Ça vous semble inutilement compliqué ? Pourtant, ce système permet de relier les objectifs généraux de sécurité à des actions concrètes et réalisables. Bonus : il permet aussi d’aligner les pratiques de l’organisation sur des référentiels et des normes spécifiques, tels que – à tout hasard – les normes ISO.

Pourquoi adopter le NIST-CSF ?

Flexibilité et adaptabilité

L’un des principaux avantages du NIST-CSF est sa flexibilité. Il est conçu pour être utilisé par n’importe quelle organisation, quel que soit son secteur ou sa taille, et il peut être personnalisé pour répondre aux besoins spécifiques de chaque entité.

Par exemple, une petite entreprise de commerce électronique peut utiliser les mêmes principes fondamentaux qu’une grande institution financière, mais en les adaptant à ses ressources limitées et à son niveau de risque.

Par ailleurs, le NIST-CSF permet une mise en œuvre progressive : une organisation peut choisir d’adopter certaines parties du cadre en fonction de son niveau de maturité en cybersécurité, puis d’étendre son utilisation au fil du temps. Pratique, non ?

Normalisation et interopérabilité

On connaît l’importance croissante de l’harmonisation et de la collaboration internationale contre les cybermenaces : NIS 2 en est une preuve parmi tant d’autres.

Le NIST-CSF répond à cet enjeu : construit sur des normes et des bonnes pratiques largement reconnues, il se révèle particulièrement utile pour les organisations opérant dans des environnements réglementés ou devant répondre à plusieurs cadres de conformité.

En adoptant ce framework, de telles organisations peuvent mieux aligner leurs pratiques de cybersécurité sur des exigences réglementaires, tout en utilisant un langage commun pour communiquer avec des partenaires, clients, et régulateurs.

Amélioration de la posture de sécurité

Last but not least: l’objectif principal du NIST-CSF est avant tout d’aider les organisations à mieux gérer et à réduire leurs risques cyber ! En suivant les cinq fonctions principales, les organisations peuvent établir un cadre de cybersécurité global qui couvre toutes les phases de la gestion des risques – de la prévention à la détection, en passant par la réponse et la récupération.

En bref, NIST-CSF aide les entreprises à mieux se protéger en :

  • les incitant à identifier en amont les vulnérabilités potentielles et à prendre des mesures pour y remédier ;
  • créant des processus de réponse et de récupération robustes pour limiter les impacts des incidents lorsqu’ils se produisent.

Comment mettre en œuvre le NIST-CSF dans son entreprise ?

#1 Évaluez les risques

La première étape de toute mise en œuvre du NIST-CSF consiste à réaliser une analyse de risque complète comprenant :

  • l’identification des actifs critiques de l’organisation ;
  • la compréhension des menaces potentielles ;
  • L’évaluation des vulnérabilités existantes.

Cette étape permet de prioriser les investissements en cybersécurité en ciblant les zones les plus sensibles. Elle est en grande partie couverte par la fonction « Identifier » du NIST-CSF, qui encourage les entreprises à avoir une vision claire de leurs actifs, de leurs environnements et des risques associés.

#2 Élaborez un plan de sécurité

Ce plan doit couvrir les quatre autres fonctions du cadre : « Protection », « Détection », « Réponse » et « Récupération ».

Attention : chaque fonction doit être traitée de manière globale ! Par exemple, les mesures de protection doivent inclure non seulement des contrôles techniques comme les pares-feux et le chiffrement, mais aussi des politiques telles que la formation des employés ou la gestion des identifiants.

#3 Surveillez l’application du plan

Une fois que le plan est en place, l’organisation doit le mettre en œuvre et surveiller son efficacité au fil du temps. Cette surveillance est particulièrement importante dans le cadre de la fonction « Détecter », puisqu’elle permet d’identifier les incidents de sécurité en temps réel.

Elle joue aussi un rôle clé dans l’évaluation continue des contrôles de sécurité et la capacité de l’organisation à répondre aux menaces émergentes.

#4 Améliorez en continu

Le NIST-CSF n’est pas un cadre statique ! Les organisations doivent revoir régulièrement leur plan de sécurité, en évaluant l’efficacité des mesures en place, et en les ajustant en fonction de l’évolution des menaces, des technologies, et des besoins de l’entreprise.

Tout ça est essentiel pour maintenir une posture de sécurité solide dans un environnement en constante évolution…

Les limites du NIST-CSF

Une mise en œuvre complexe pour les petites entreprises

Pour les petites organisations, la mise en œuvre complète du NIST-CSF est souvent complexe et/ou coûteuse. Malgré sa flexibilité à toute épreuve (ou presque), ce framework peut nécessiter des ressources importantes, que toutes les organisations n’ont pas à disposition :

  • personnel qualifié ;
  • outils technologiques adaptés ;
  • temps à consacrer à l’évaluation des risques et à la mise en place des mesures de sécurité.
Une absence d’obligation légale

Puisque la mise en place du cadre NIST-CSF est volontaire, il ne constitue pas une obligation légale pour la majorité des organisations. Même si une poignée d’agences gouvernementales et d’entreprises privées ont adopté ce cadre comme norme de référence pour renforcer leur cybersécurité, il n’existe pas d’exigence universelle qui forcerait les organisations à s’y conformer.

En parallèle, dans certains secteurs réglementés (comme la finance, l’énergie ou la santé), les autorités peuvent imposer des réglementations de cybersécurité spécifiques, et même s’il existe des chevauchements avec le NIST-CSF, les exigences peuvent différer. Une situation qui peut limiter l’adoption du cadre par certaines entreprises, qui privilégient la conformité aux régulations légales plutôt qu’aux cadres volontaires. C’est logique, mais c’est dommage.

L’évolution des menaces

Le cadre NIST-CSF, bien que robuste, ne peut pas toujours suivre le rythme rapide de l’évolution des cybermenaces.

Par exemple, l’émergence de nouvelles formes d’attaques comme les ransomwares sophistiqués, ou des menaces liées à l’intelligence artificielle (au hasard), peuvent nécessiter des ajustements plus rapides que ce que permet une mise à jour formelle du cadre.

C’est alors aux entreprises de se débrouiller pour combiner l’utilisation du NIST-CSF avec des processus internes de veille technologique et de mise à jour régulière des compétences en cybersécurité. Pas toujours évident.

Une expertise technique nécessaire

Mettre en œuvre le NIST-CSF requiert souvent un haut niveau d’expertise technique. Les organisations qui ne comptent pas d’experts cyber dans leurs rangs peuvent donc avoir du mal à comprendre et à appliquer certaines sous-catégories spécifiques, en particulier celles qui concernent les technologies avancées ou les menaces complexes.

Cet obstacle peut être surmonté en faisant appel à des consultants externes ou à des prestataires de services gérés en cybersécurité (MSSP, pour Managed Security Service Providers) – mais cela engendre des coûts supplémentaires.

La bonne nouvelle, c’est que le framework NIST-CSF est disponible dans Tenacy ! L’outil peut générer des plans d’action automatisés et adaptés à votre contexte actuel, pour vous accompagner dans votre mise en conformité. Vous pouvez également assurer le suivi de toutes vos données et actions sur une même plateforme, pour gagner en rapidité et en efficacité.